Le Palais-Royal
11 oct. 2019Cette année, pendant les journées du Patrimoine, j'ai visité le Palais-Royal. Depuis 1875, le Palais-Royal abrite dans sa partie centrale le Conseil d'Etat. Sous la Vème République, le Conseil constitutionnel succède à la Cour des comptes dans l'aile de Montpensier et, en 1959, le ministère des Affaires culturelles dans la partie nord de l'aile de Valois. Voici un petit plan pour vous repérez :
Il a pour mission l'accessibilité du plus grand nombre aux "oeuvres capitales de l'humanité et d'abord de la France", conduit la politique de sauvegarde, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel, et favorise la création des oeuvres de l'art et de l'esprit et le développement des pratiques et enseignements artistiques.
Dans le hall d'accueil, nous empruntons un bel escalier.
La visite commence au premier étage. Nous passons devant un couloir, où l'on voit une étrange oeuvre d'art commandée en 2011 par le ministère : "Le Carré aux seize disques" de Felice Varini, peintre qui utilise l'anamorphose.
Plus loin nous arrivons au salon Jérôme : l'ancienne chambre à coucher de Louis-Philippe, puis de Jérôme Bonaparte, est devenue le grand salon du Secrétariat d'Etat des Beaux-arts. Cette pièce conserve des biens mobiliers provenant des résidences impériales et royales :
Lustre en bronze doré et cristal de roche fourni en 1809 par la maison Thomire Duterme pour la chambre à coucher de l'Empereur au palais des Tuileries.
Torchères livrées en 1810 par le célèbre ébéniste Jacob-Desmalter pour la salle du trône du palais des Tuileries.
L'ensemble des sièges en bois sculpté et doré d'époque Empire ornait le salon de billard du palais de Saint-Cloud (une partie sont classés monument historique en 1909).
Nous arrivons au bureau du ministre : Franck Riester, nommé le 16 Octobre 2018.
Ce fut l'ancien cabinet de travail du duc ou duchesse d'Orléans. Eléments de boiserie d'époque Louis XVI et guirlandes florales peintes d'époque Napoléon III. Lustre en bronze doré d'époque Empire, formé d'une coupe centrale où sont représentées des femmes ailées tenant un instrument de musique.
Mais aussi des meubles plus contemporains : table basse "Fenda" de Toni Grilo, fauteuils "coque" édités par d'Argentat en hêtre massif plaqué de chêne, garnis de cuir, chaises "Cab" en cuir Mario Bellini.
Son bureau fait face au locaux du Conseil constitutionnel.
Juste à côté le bureau de la directrice du cabinet, on y voit :
panneaux rectangulaires allégoriques représentant la Connaissance, plafond du XIXème siècle, table de conférence "Oak" de Mario Broggi, édition Fantoni (2008). Chaises Victoria Ghost de Philippe Starck, paire de bibliothèques basses par Maxime Old, 1952, en bois et portes coulissantes recouvertes de moleskine grenat. Tapisserie "Les ponts de Paris" d'après Jacques Despierre (1912-1995).
La visite se finit dans le grand salon. Il était à l'origine le grand salon de réception de l'appartement de Marie Amélie, épouse de Louis-Philippe. Devenu salle des séances plénières de la Cour de cassation entre 1871 et 1875, il a été divisé en bureaux en 1959, puis restauré en 1989, d'après une gravure aquarellée de Pierre Fontaine.
Pliants en bois peint d'époque empire, lustres d'époque Restauration, en bronze doré et cristal de Bohême à 24 lumières, provenant du palais des Tuileries.
Pour les journées du Patrimoine, le ministère de la culture exposa dans le grand salon des statues qui ont échappé à l'incendie de Notre-Dame du 15 Avril 2019 : statue de l'ange saint Matthieu, statue de l'aigle de saint Jean et le coq, unique vestige de la flèche.
Le grand salon domine la cour d'honneur et ses colonnes de Buren. Et, il jouxte les locaux du Conseil d'Etat.
Conseiller du Gouvernement, le Conseil d'Etat examine les projets de loi, d'ordonnance et de certains décrets. Cinq sections spécialisées se partagent ce travail : section de l'intérieur, des finances, des travaux publics, sociale et de l'administration. Il traite également les demandes d'avis du Gouvernement sur des questions de droit et il effectue à sa demande, des études sur toute question administrative ou relative à une politique publique. C'est le rôle de la section du rapport et des études. Un rapport, qui propose les réformes législatives, réglementaires ou administratives jugées nécessaires, est remis tous les ans au Président de la République. Il peut aussi être saisi pour avis par le président de l'Assemblée nationale ou du Sénat d'une proposition de loi, avant son examen en commission.
Le Conseil d'Etat arbitre les litiges entre particuliers et administrations (section du contentieux). Le Conseil d'Etat est au coeur de la relation entre les citoyens et les pouvoirs publics. Il abrite aussi le tribunal des conflits, chargé de régler les problèmes d'attribution entre les juridictions administratives et judiciaires.
La visite débute par la salle de la section des finances (ancien salon ou salle de jeu), dont la décoration remonte au milieu du XVIIIème siècle. Le lustre en bronze doré est d'époque Restauration, la cheminée en marbre blanc date du XIXème siècle, buste du conseiller d'Etat Ludovic Vitet (1802-1873). La salle a été restaurée en 2015 (dorure, mobilier, installations techniques).
Juste à côté, nous entrons dans la salle du tribunal des conflits (ancienne salle à manger de la duchesse d'Orléans). De forme ovale, elle est ornée de quatre pilastres de stuc de couleur imitant le marbre. Le plafond a été réalisé par Jules Dieterle vers 1852, à la suite d'une commande du roi Jérôme Napoléon Bonaparte qui a occupé cette aile du Palais-Royal de 1852 à 1860. On voit également des panneaux rectangulaires représentant les quatre éléments, dont l'eau symbolisée par Vénus née de l'écume et poussée sur le rivage.
Nous faisons un bref arrêt à la salle René Cassin, pour observer cet imposant tableau :"L'Installation du Conseil d'Etat au Palais du Luxembourg" réalisé par Louis Charles Auguste Couder en 1856. Sur l'estrade se trouve les trois consuls : Cambacérès (deuxième consul), Bonaparte (premier consul) et Lebrun (troisième consul). Au pied de l'estrade sur un tabouret : Jean Guillaume Locré, secrétaire général du conseil de 1799 à 1815. Face à eux , les cinq présidents de section qui prêtent serment.
Nous passons dans la salle des pas perdus, utilisée comme salle d'attente, comme en témoigne la banquette encastrée dans la boiserie, installée en 1875. Le lustre à gaz, le dallage (en liais beige de l'Oise, marbre blanc grec et liais noir de Belgique) datent aussi de 1875. Table, chaises et fauteuils de style composite proche de Louis XIV, datent du XIXème siècle.
Pour visiter le Palais royal, il fallait réserver un créneau horaire. La veille, il ne restait plus que le dernier de libre : celui de 18h. Au Ministère de la culture j'ai pris mon temps, mais à ce moment de la visite du Conseil d'Etat, on nous a fait comprendre qu'il ne fallait pas traîner (il était bientôt 19h !).
Du grand escalier d'honneur, je n'ai donc pu m'attarder que sur sa coupole ovale qui se dresse à 26 mètres de haut, ainsi que la petite coupole du palier qui donnait accès à la salle d'opéra et aux appartements du duc et de la duchesse d'Orléans. Au-dessus de la porte des appartements du duc, des anges soutiennent un cartouche surmonté d'une couronne ducale. Au-dessus, de la porte de la salle d'opéra : à droite un ange tient dans chaque main un rameau d'olivier, symbole de la paix ; à gauche, l'ange qui souffle dans une grand trompette représente la Renommée.
Nous arrivons dans l'antichambre du contentieux, où je me suis attardée sur son plafond décoré de feuilles d'acanthe et le haut de la porte en bois verni et sa plaque en marbre.
De l'entrée de la salle du contentieux, une belle perspective s'offre à nous. C'est la salle, où se tiennent des séances d'assemblée et de section du contentieux. Salle rectangulaire de 16 mètres de long et 9 mètres de large, réaménagée en 1875 par Chabrol père et fils. Le plafond, les lustres à gaz, les boiseries et une partie du mobilier datent de cette époque. L'espace surélevé est réservé aux magistrats, la partie basse aux avocats. Une clôture en bois plein sépare la partie réservée au public.
Sur le côté, une grande peinture d'Albert Girard (1839-1920) représente le Palais d'Orsay. C'est dans ce palais que siégeaient le Conseil d'Etat depuis 1840 avant son incendie de 1871.
Un petit passage dans l'antichambre du vice-président, il s'agissait d'un vestibule pour gardes et huissiers. Aujourd'hui, il sert d'antichambre pour les visiteurs du vice-président et de salle de réunion. Son lustre à gaz de style Louis XVI, en bronze doré a été réalisé par le bronzier Ferdinand Barbedienne (1810-1892). Représentatif du style de la IIIe République, il a du être installé en 1875, ainsi que la cheminée en marbre "brèche" de style rocaille.
Nous entrons dans le bureau du vice-président, occupé aujourd'hui par Bruno Lasserre, qui servait à l'époque de salon aux aides de camp. Sur le bureau en acajou, on trouve deux lampes de style Directoire en bronze doré. La grande tapisserie derrière le bureau : "Histoire de Don Quichotte, Le Chevillard" a été exécutée en 1768 à la manufacture des Gobelins, par Charles-Antoine Coypel. Sous la glace, une console Empire, en loupe d'orme avec un dessus en marbre blanc. Deux candélabres en bronze noirci sont posés dessus.
Nous passons devant la salle de la section sociale, restaurée en 2011. La cheminée en marbre veiné vert et noir, date du Second Empire, les appliques murales en bronze doré datent de 1875. Le buste en marbre blanc représente le baron de Fréville (1773-1847).
Nous traversons la salle d'assemblée générale, restaurée en 2012. Elle est assez impressionnante (18x12 m et 10m de haut). J'ai juste eu le temps de voir le plafond abritant des tubes fluorescents derrière de grandes plaques lumineuses, et les toiles d'Henri Martin (1860-1943) qui entourent la salle. Elles représentent l'Agriculture, Le Commerce, les Travaux publics, le Travail intellectuel (1916-1926). Le mobilier de cette salle a été fabriqué spécialement pour le Conseil d'Etat. La largeur des pupitres et la hauteur, la largeur et la décoration plus ou poins importantes des fauteuils et chaises ont été calculées en fonction du grade et de l'ancienneté des membres, soit six sortes de sièges, tous en acajou recouverts de velours vert. Je n'ai pas pu m'attarder sur les douze médaillons en camïeu de bleu sur fond d'or qui représentent les ministères du début de la IIIème République.
Nous passons à côté de la salle des cases (ancien vestiaire). C'est là que les les membres du Conseil d'Etat qui ne disposent pas de bureau individuel (une grande majorité) viennent retirer leur courrier et consulter le tableau des séances. L'ordre des cases ignore l'alphabet. Chacun est placé selon son ordre d'ancienneté dans chaque grade. Plus vous montez en grade et en ancienneté, plus votre case est haute.
Nous passons dans la salle Pierre-Laroque, membre du Conseil d'Etat (1907-1997) surnommé "le père de la sécurité sociale". Les membres viennent y consulter les collections récentes des périodiques juridiques, dont le Journal officiel et les quotidiens nationaux. La cheminée est en marbre gris veiné de rose et rouge. On voit le buste de Jean Etienne Marie Portalis (1745-1807), célèbre membre du Conseil d'Etat, rédacteur du code civil napoléonien.
Nous traversons la salle des colonnes, plus précisément la bibliothèque restaurée en 2013. Le stuc, traité en faux marbre, y est très présent (plafond, colonnes, piliers) et rend la pièce très lumineuse. Sur les quatre piliers, on voit les bustes en marbre de conseillers d'Etat : George Cuvier, Joseph Jérôme Siméon, Charles Jean Firmin Maillard, Pierre Alexandre Joseph Allent. La bibliothèque rassemble près de 60 000 volumes traitant essentiellement du droit.
Nous passons à côté d'une chapelle, ancien oratoire de Clotilde de Savoie, épouse de Napoléon-Jérôme, neveu de Napoléon. Sur les vitraux, on reconnait les armoiries de la famille impériale et de la maison de Savoie.
Nous finissons par la salle Napoléon salle de travail des membres du Conseil, ancienne salle à manger du prince Napoléon, restaurée en 2013. Les colonnes sont en stuc marbre, les deux lustres en forme de lampe à l'huile datent des années Art déco.
Il est 19h passé. J'ai du faire la visite du conseil Constitutionnel au pas de course...
Le Conseil constitutionnel est institué par la Constitution de 1958. Cette juridiction collégiale compte 9 membres nommés (3 par le Président de la République, 3 par le président de l'Assemblée nationale et 3 par le président du Sénat), auxquels s'ajoutent, comme membre de droit, les anciens Présidents de la République. Les membres nommés, renouvelés par tiers tous les trois ans, exercent un mandat unique de neuf ans. Le président du Conseil est nommé par le Président de la République. Sa voix est prépondérante en cas de partage égal des voix lors des délibérations.
Le Conseil constitutionnel juge de la conformité des lois à la Constitution et aux principes contenus dans les Droits de l'Homme (1789), le Préambule de la Constitution (1946) et la Charte de l'environnement (2004).
Le Conseil constitutionnel est également juge électoral. Il contrôle la régularité des opérations concernant la présidentielle et les référendums, dont il proclame les résultats. Il est juge de la régularité de l'élection des parlementaires, et donc de leur éligibilité.
La visite commence par le grand salon, actuellement salle de réception et de colloques, il fut la salle des aides de camps du palais. On y voit une table à gibier de style Louis XVI en bois doré et une tapisserie créée par Le Brun pour la Manufacture des Gobelins. Elle était destinée à décorer les appartements privés de Louis XIV à Versailles.
Nous entrons dans la salle à manger. Elle marque la séparation des parties publiques et des appartements privés de la princesse. Entièrement restaurée en 2014, elle a retrouvé l'essentiel de son décor de 1831 : décors peints de motifs floraux masqués depuis un siècle par des tentures. Sur la table Louis-Philippe en acajou verni, une soupière en porcelaine de Sèvres.
Nous continuons dans la salle des délibérés, ancien salon de travail de la princesse Marie-Clotilde de Savoie. Cette salle accueille les séances à huis clos du Conseil constitutionnel, les membres sont placés de part et d'autre du président. La salle a été restaurée en 2013.
Nous arrivons au bureau du président du Conseil constitutionnel : Laurent Fabius nommé le 8 Mars 2016. Salon de musique du Duc de Chartres, puis grande chambre à coucher de Marie-Clotilde de Savoie, ce bureau a été entièrement restauré en 2015. Les décors sculptés des lambris et les décors en bronze doré ont pu être restitués.
Puis, nous passons à côté d'un oratoire décoré aux armes de Savoie et avec l'abeille de la famille Bonaparte. A l'origine, il ouvrait sur la chambre à coucher. Je n'ai vraiment pas pu m'y attarder !
Puis un petit salon qui a l'origine était l'antichambre de la salle à manger.
Pour finir : l'escalier d'honneur construit au bénéfice du duc de Chartres, pour qui l'aile a été construite. L'escalier a retrouvé son aspect d'origine lors d'une restauration en 2008. Il est 19h15 passé, on nous demande de rejoindre la sortie...