Hôtel de Salm - Palais de la Légion d'honneur
27 mars 2021En Septembre, à la suite des Journées du Patrimoine, je vous avais partagé une journée de mes visites : l'hôtel de Rothelin-Charolais et l'hôtel de Clermont. Mais, ce n'était pas fini. J'avais conclu la journée par la visite de l'Hôtel de Salm, plus connu sous le nom de palais de la Légion d'honneur.
L'hôtel est construit en 1787 pour le prince allemand Frédéric III de Salm-Kyrbourg. Puis, le comte de Lacépède l'acquiert en 1804 et y installe l'administration de l'ordre créé en 1802 par Napoléon. Il est agrandit en 1812. Incendié lors de la Commune en 1871, il fut restauré grâce à une souscription auprès des membres de la Légion d'honneur et des médaillés militaires. En 1925, un musée remplaça les écuries. Le palais est classé monument historique en 1985. Les intérieurs et façades furent restaurés de 2011 à 2017.
L'entrée se faisait par la cour d'honneur qui se situe rue de Lille.
Une petite cour intérieure nous dévoile une façade sobre typique de la fin du XVIIIème siècle. On ne s'attend pas du tout à ce que le reste de la visite soit richement décoré.
La visite débute par la salle du conseil. Elle accueille les délibérations des membres du conseil de la Légion d'honneur et du conseil de l'ordre national du Mérite. Elle est assez contemporaine, mais un lustre Second empire et la peinture d'un ciel nuagé au plafond nous replonge au XIXème siècle. Chaque membre a une place accréditée, dispose de son matériel et il est décoré de la Légion d'honneur, nommé par le Président de la République sur proposition du grand chancelier pour un mandat de 4 ans renouvelable.
En passant devant les fenêtres, je vois un beau jardin fleuri et décoré.
Tout au long de la visite, de nombreux portraits de chanceliers sont exposés. D'abord dans une antichambre, où l'on reconnaît Georges Pompidou et à ses côtés le comte de Lacépède. Et on ne peut pas oublier Napoléon III avec un buste bien imposant.
Dans un couloir, portrait de Victor Février (1823-1908) colonel du 77ème régiment d'infanterie pendant la guerre de 1870.
L'antichambre donne accès au bureau du grand chancelier décoré dans un style Napoléon III avec un portrait officiel de Napoléon en costume de sacre. Le mobilier de Premier Empire provient en partie du château de Fontainebleau. Au plafond, on retrouve un ciel nuagé et un très beau lustre en bronze et cristal.
La visite se poursuit dans le salon des tapisseries qui servait de salon d'attente pour les visiteurs du grand chancelier. On y voit deux tapisseries, dont "La Renommée" retissée par la manufacture des Gobelins d'après un carton de 1808 pour le cabinet de l'empereur aux Tuileries, détruit en 1871.
On arrive dans le grand vestibule. Eclairé par une verrière, il permet de rejoindre les salons de réception depuis la cour d'honneur. Le plafond en grisaille orné des attributs de la guerre et de la paix a été réalisé par le peintre italien Séraphin Vanoni (1845-1874). Tout autour de la galerie d'étage sont accrochés les portraits des grands chanceliers nommés depuis 1934. De beaux bas-reliefs ornent les coins du vestibule.
La visite des salons commence par le salon des maisons. Cette ancienne antichambre, également éclairée par une verrière, présente un ensemble de meubles exceptionnels : bureau-commode en loupe d'orme, marbre blanc et bronze doré, autrefois dans la chambre à coucher de Napoléon Ier au château de Saint-Coud. Guéridon en loupe d'orme, marbre blanc et bronze doré, provenant de l'antichambre des appartements du roi de Rome aux Tuileries. Fauteuils en bois sculpté doré, damas vert et jaune d'or signés de Jacob-Desmalter (1770-1841), destinés au grand cabinet de l'empereur aux Tuileries. Chaise de Pierre Marcion (1769-1840) en bois sculpté doré, anciennement dans le salon des princes du palais de Compiègne.
Les peintures murales invitent à la découverte du patrimoine de la Légion d'honneur : le palais, les maisons d'éducation installées dans le château d'Ecouen et l'ancienne abbaye royale de Saint-Denis.
On poursuit dans le salon des grands chanceliers, où se déroulent traditionnellement les cérémonies de remise de décorations par le grand chancelier. Le portrait du fondateur de la Légion d'honneur "Bonaparte en premier consul (1875-1876)" peint par Adolphe Yvon (1817-1893) fait face à deux bustes : celui du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, fondateur de la Médaille militaire en 1852, et celui du général de Gaulle, fondateur de l'ordre national du Mérite en 1963. Les bustes et portraits des grands chanceliers (de 1815 à 1918) ornent le salon. Sous la coupole figure "L'institution de l'ordre de La Légion d'honneur (1875-1876)" de Jean-Paul Laurens (1838-1921). Le lustre appartient à un ensemble de 36 réalisés pour le sacre de Charles X. Les occuli gravés par le maître-verrier Paul Bitterlin apportent un éclairage naturel.
On continue dans le vaste salon de la rotonde qui sert de cadre aux cérémonies officielles de l'institution et aux concerts donnés par les élèves des maisons d'éducation de la Légion d'honneur. Sous la coupole "L'institution de l'ordre de la Légion d'honneur (1874-1877)" par Théodore Maillot (1826-1888) qui met en scène l'empereur Napoléon Ier et les grands personnages civils et militaires de l'Empire. Autour de cette oeuvre des tympans d'Achille Sirouy (1838-1904) représentant Charlemagne, François Ier, Louis XIV et Napoléon.
Sur les murs une série de 12 profils (Boieldieu, Girard, Masséna, La Pérouse...) symbolisant chacun une activité (musique, industrie, guerre, marine...) rappelle l'universalité de la Légion d'honneur. Au sol, le tapis des cohortes est une copie de l'original fait par la manufacture de Tournai en 1810. Le mobilier du Premier Empire se trouvait dans l'hôtel parisien de la princesse Elise Baciocchi, soeur de Napoléon Ier. La commode signée Jacob Desmalter et Cie en acajou, bronze doré, marbre blanc, ébène, ivoire a été livrée en 1809 pour la chambre de l'impératrice à Compiègne. Le canapé (1805) en bois doré, lampas bleu et jaune d'or vient de l'hôtel d'Elisa Bonaparte. Le guéridon en acajou, bronze doré, cuivre doré, marbre blanc était à l'Elysée de 1851 à 1870.
Puis, on entre dans le salon blanc, qui était la chambre à coucher de la princesse de Salm-Kyrbourg. Le plafond représente une allégorie mythologique peinte par Faustin Besson (1821-1882). L'ensemble de sièges est de style Louis XVI et le lustre en bronze et cristal date du début du XIXème siècle.
Ensuite, on accède au salon de l'aurore qui accueille certains dîners officiels. Il doit son nom à la peinture de son plafond "L'Aurore ( 1878)" peinte par Joseph Ranvier (1832-1896). On y voit les portraits du prince et de la princesse de Salm-Krybourg qui firent ériger le palais. Les fauteuils signés Pierre-Antoine Bellangé (1758-1827) proviennent du château de Compiègne.
La série des salons se finit par le salon des muses qui tire également son nom de la peinture de son plafond "Les muses (1877)" peinte par François Ehrmann (1833-1910). Il est orné de panneaux représentant les quatre saisons, dont "l'Automne (1893)" et "l'Hiver (1891)" peint par René-Xavier Prinet (1861-1946). Le mobilier de Pierre-Antoine Bellangé provient encore du château de Compiègne.
La visite du palais se termine par la salle à manger. Le grand chancelier y reçoit ses invités autour d'un grand guéridon provenant du salon de Diane à Saint-Cloud. Napoléon III y prit son dernier dîner avant son départ pour le front en 1870. Les dessus-de-porte en bronze d'Albert Cain (1821-1894) contrastent avec le plafond "L'Harmonie (1876)" d'Emile Bin (1825-1897) et les lustres en bronze doré et cristal de Premier empire. Sur la cheminée, la pendule en bronze doré fut commandée pour la chambre à coucher du grand appartement de Meudon, habité par le roi de Rome. Les candélabres en marbre réalisées par Paul Cabet (1815-1876) et Eugène Aizelin (1821-1902) proviennent des Tuileries.
Après le palais, on pouvait visiter le musée de la Légion d'honneur. Je m'y étais déjà rendue l'année d'avant. Mais, je l'ai refait pour revoir quelques médailles. On y découvre l'évolution de la médaille de la Légion d'honneur de la Restauration à la Vème République. La médaille se compose d'une couronne de chêne et de laurier. D'un côté l'effigie de la République, de l'autre la date de création de la Légion d'honneur dans le calendrier républicain.
La légion d'honneur est attribué à différents grades. Il y a d'abord le titre de chevalier, puis au bout de 8 ans on peut devenir officier, 5 ans après on peut atteindre le titre de commandeur, 3 ans plus tard on peut être grand officier et 3 ans après on peut finir grand'croix. Chaque grade est attribué pour la récompense de mérites éminents acquis au service de la Nation pendant un minimum de 20 ans.
On y voit également les palmes académiques :
insigne de commandeur (vermeil et émail)
insigne d'officier (or et émail)
insigne de chevalier (argent et émail)
Comment se déroule la procédure d'attribution ?
-Les ministres identifient les personnes qu'ils souhaitent voir décorer. Ils s'appuient sur leur cabinet. Ils sont aussi dans un échange constant avec les préfets et les élus, ainsi qu'avec les acteurs publics, économiques et associatifs de l'ensemble du pays.
-Les ministres établissent pour chaque personne un dossier appelé "mémoire de proposition" qu'ils adressent au grand chancelier avant chaque promotion.
-Les services administratifs de la grande chancellerie examinent les dossiers, les complètent et les transmettent pour étude au conseil de l'ordre. Chaque membre du conseil est chargé des propositions relevant de son propre domaine de compétences.
-Sous la présidence du grand chancelier, le conseil de l'ordre se réunit pour délibérer des propositions ministérielles et se prononcer sur leur recevabilité.
-Le grand chancelier présente les décisions du conseil de l'ordre au Président de la République qui peut alors retirer des noms mais ne pas en ajouter. Le conseil des ministres examine les propositions pour les grades de commandeur, grand officier et grand'croix.
-Le Président de la République signe les décrets de nomination et sont publiés au Journal Officiel. Les décorés reçoivent une lettre d'avis du grand chancelier.
Il y a 4 promotions par an qui décorent au maximum 2800 Français : 1er Janvier et 14 Juillet pour les civils (1500 à parité égale). Avril et Juin pour les militaires (1300).
Je vous conseille cette visite pour les prochaines Journées du Patrimoine.