Palais de l'Elysée
02 oct. 2021Les 18 et 19 Septembre derniers, c'étaient les Journées du Patrimoine. J'ai fait plusieurs visites en compagnie de mon M50 et de son objectif grand angle, dont celle du Palais de l'Elysée : siège de la présidence de la République Française et résidence officielle du chef de l'Etat depuis la IIe République.
Construit par l'architecte Armand-Claude Mollet (1660-1742) en 1720 pour Louis-Henri de la Tour d'Auvergne, comte d'Evreux. En 1753, il est offert par Louis XV à sa favorite, la marquise de Pompadour. Puis, il devient le palais princier de Joachim Murat, beau-frère de Napoléon Ier. Ce dernier en fait sa résidence impériale en 1805. Son neveu, Napoléon III, premier président de la République Française, y habite à partir de 1848. Le Palais est classé monument historique en 1916.
J'avais une réservation pour 15h30, mais il était demandé de se présenter à 14h45 afin de procéder à divers contrôles (pass sanitaire, vérification d'identité, fouille au corps et passage au détecteur de métaux). En attendant, j'ai eu le temps d'observer la grille du jardin de l'Elysée.
Voilà, il est 15h30, j'ai franchi la grille de l'Elysée. Mais, ce n'est pas tout de suite que je vais rentrer dans le palais. Il y a une longue, très longue file d'attente !
16h, je m'approche. Mais, le Palais est encore loin et impossible de profiter pleinement de ce beau jardin.
16h30, je peux commencer à observer la façade du Palais. Heureusement que le jardin est en pente et que les gens qui m'entouraient ne faisaient pas 2m de haut.
17h, de plus en plus près mais il faut encore faire la queue. Et, il y a beaucoup de courageux derrière moi. Vraiment dommage de ne pas pouvoir déambuler dans le jardin où une belle statue se cache.
17h10, plus que quelques minutes avant d'entrer. Je profite des détails de la façade et du beau jardin aménagé.
Ca y est, je rentre dans le Palais et la visite commence tout de suite par un beau petit salon. Il s'agit du salon d'argent. Créé en 1807 et remanié en 1813 pour Caroline Murat. Ce boudoir, dont les meubles sont d'origine, est doré à l'or blanc et riche en histoire. C'est ici que Napoléon Ier signa son abdication après la défaite de Waterloo en 1815. Louis Napoléon Bonaparte, y prépara son coup d'Etat du 2 décembre 1851. Et le président Félix Faure y eut son malaise mortel lors de son rendez-vous avec sa maîtresse Marguerite Steinheil en 1899.
En sortant du salon, on emprunte un tout petit couloir. Avec ses murs en plastique et son plafond alvéolé on se serait cru dans une navette spatiale.
Il nous mène dans une pièce au mobilier tout autant futuriste. Il s'agit de la salle à manger Paulin. Cette pièce est le seul témoin des aménagements réalisés à la demande du président Georges Pompidou en 1972. Elle porte le nom de son concepteur, le désigner Pierre Paulin, composée d'une structure murale démontable en polyester moulé et d'un ensemble mobilier en aluminium recouvert d'une matière plastique. Constitué de 9000 tiges et billes de verre placées devant un plafond réflecteur, le lustre complète cette oeuvre d'art.
Chaque table dressée était accompagnée d'un panneau indiquant la provenance de la verrerie, orfèvrerie et porcelaine. Ici, ce sont des assiettes de la manufacture de Sèvres signées Serge Poliakoff 1970. Argenterie de l'orfèvre Stuart Devlin (1931-2018) offerte à Monsieur et Madame Pompidou par le Baron et la Baronne Edmond de Rotschild et la verrerie de René Lalique 1923.
Notre visite se poursuit dans la bibliothèque Napoléon III. Ancienne chambre de la princesse Caroline Murat, puis de l'empereur Napoléon Ier, cette pièce à été transformée en bibliothèque par Napoléon III en 1860. Certains présidents de la République y installent leur bureau comme Sadi Carnot, Félix Faure et Vincent Auriol. D'autres y posent pour leur portrait officiel à l'instar de Charles de Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrrand et Nicolas Sarkozy.
Dans chaque pièce un panneau nous présentait des éléments qui la composait (meubles, tapisseries, tableaux), dont la majorité viennent du Mobilier National. Ici, on s'arrête sur l'originalité du "bar aux autruches", François-Xavier Lalanne, 1966, Manufacture de Sèvres ; sur la modernité du tapis "Au temps jadis", Jean-René Sautour-Gaillard, 1995, Mobilier national manufacture de La Savonnerie et de la table "Boboli", Rodolfo Dordoni, 2010, Mobilier national.
Puis on entre dans le salon des fougères. Ce salon tient son nom de la tenture murale aux motifs de fougères, créée initialement pour la chambre du roi Louis XVI à Compiègne. Après quelques transformations dans le début des années 1970, le président Valéry Giscard d'Estaing privilégie le retour à une décoration classique ; c'est pourquoi ce tissu a été réédité et installé en 1997. Depuis 2007, ce salon est employé comme bureau par le conjoint du Président de la République.
Le bureau et ses fauteuils, Matali Crasset, 2009, Mobilier national s'accordent très bien au milieu de cette tenture végétale.
Suit le salon de la cartographie. Marquant l'entrée dans les appartements semi-privés, ce salon était orné par Napoléon III d'un ensemble de tapisseries détaillant la carte de la forêt de Compiègne, d'où son nom. Depuis, ces tapisseries ont été remplacées par d'autres cartes insérées dans les lambris ou par des oeuvres contemporaines. Aujourd'hui, le couple présidentiel y reçoit des invités.
Le tableau "Re. Na II A", Victor Vasarely, 1968, Centre Pompidou qui représente un globe rappelle bien le thème de la cartographie de ce salon.
Et enfin le salon Cléopâtre : ancien cabinet de toilette de la marquise de Pompadour, ce salon sert aujourd'hui de pièce de passage entre les salons d'apparat et les salons semi-privés. Il tenais sont nom du sujet de la tapisserie représentant "La rencontre d'Antoine et Cléopâtre", installée dans ce salon sous le mandat du président Sadi Carnot (1887-1894). La campagne de travaux menée en 2019 a permis de faire restaurer cette tapisserie et de la remplacer par une oeuvre plus contemporaine : "Sans titre" Yves Oppenheim, 2010, Mobilier national manufacture de Beauvais.
Avant de monter à l'étage, nous sommes dans le vestibule d'honneur. Pièce la plus traversée, c'est ici que sont accueillis les invités du président de la République. Il y avait de nouveau un peu d'attente. Je m'attarde sur des petits détails.
Pour monter à l'étage, nous empruntons l'escalier Murat. Créé par le prince Joachim Murat en 1806, cet escalier en marbre est composé de deux volées séparées par un palier. Il est bordé d'une rampe en plomb doré dont les barreaux en forme de palmes jaillissent de couronnes d'olivier et dont la main courante imite le motif du tore de feuillage. Lors des journées du patrimoine, la rampe était soigneusement protégée par des parois en plastique transparent. Les marches ont été recouvertes d'un nouveau tapis en septembre 2021, fruit de la collaboration entre le Mobilier national et l'artiste Nathalie Junod Ponsard.
Nous faisions la queue dans l'escalier, je n'ai donc pas pu voir pleinement ce nouveau tapis qui s'y j'ai bien compris passe du bleu au rouge de manière dégradé du RDC à l'étage.
A l'étage, on se trouve au palier des huissiers. Cet espace est dédié aux huissiers, hommes d'armes chargés de contrôler l'accès aux pièces les plus importantes du Palais, à savoir le bureau du Président de la République et du secrétaire général.
Il y avait encore beaucoup de monde, j'ai fait ce que j'ai pu pour voir la sculpture de Rodin "La Défense", bronze, 1928, musée Rodin.
On entre dans l'antichambre. Aménagée au temps du prince Joachim Murat, cette pièce est le salon d'attente des visiteurs avant leur rencontre avec le Président de la République ou le secrétaire général.
De confortables fauteuils, Olivier Mourgue, 1967, Mobilier national. De la lecture sur une table basse moderne "Nénuphar", Janette Laveriière, 2006, Mobilier national. Une oeuvre contemporaine à observer "Earth crisis", Frank Shepard Fairey, dit Obey (auteur de la fresque géante "Marianne pleure" bd Vincent Auriol), 2015. Un bel espace d'attente, avant de laisser son téléphone dans une boîte appropriée.
Avant d'atteindre le bureau du Président de la République, on passe dans le salon vert. Il accueille régulièrement les réunions entre le Président de la République et ses collaborateurs. Son décor de boiseries reprend le style Louis XV, mais il a été créé sous le Second Empire entre 1850 et 1870.
Nous voilà dans le bureau du Président de la République dit "Salon doré". C'est le bureau de tout les présidents de la Ve République, à l'exception de Valéry Giscard d'Estaing qui a préféré un bureau voisin plus sobre. Situé au centre du Palais, ce salon a conservé son décor exécuté en 1861 pour l'impératrice Eugénie, femme de Napoléon III. C'est pourquoi on retrouve sur les dessus-de-portes les initiales du couple impérial : NE.
Tapis de Victor Vasarely "Composition claire, Composition foncée", 1970-1972, Mobilier national manufacture des Gobelins, qui font écho à son tableau vu dans le salon de la cartographie. Meubles contemporains, mais sobres :
Bureau, modèle K, Thierry Lemaire, 2019, Mobilier national.
Ensemble canapés et fauteuils, Kami, Patrick Jouin, 2008, Mobilier national.
Le bureau est une impasse, on revient donc dans le salon vert. Sa table est impressionnante. Il faut faire attention de ne rien faire tomber au milieu !
Avant de redescendre, une petite vue sur la cour d'honneur.
De retour au rez-de-chaussée, on entame la visite des lieux de réception. On commence par le salon Napoléon III. A sa demande, cette pièce est reconstruite en 1860 sur l'emplacement de l'ancienne orangerie. Salle à manger et parfois salle de bal , elle ouvrait directement sur le jardin jusqu'à ce que l'adjonction du jardin d'hiver en 1881 vienne l'obscurcir. Trois coupoles ont été percées pour apporter un éclairage naturel. Encore aujourd'hui, elle est utilisée pour des réceptions officielles. En 2019, elle a été en partie restaurée par le Mobilier national et l'agence d'architecture d'intérieur d'Isabelle Stanislas.
Ici, étaient exposés sur des tables les cadeaux présidentiels offerts au Président Emmanuel Macron.
On continue dans le jardin d'hiver. Construit en 1881, à l'initiative du Président Jules Grévy. A l'origine, il se présentait sous la forme d'une grande serre : il abritait de nombreuses plantes en massif et treillages et donnait sur les jardins. Aujourd'hui, seule la verrière au plafond en témoigne. Par la suite, il devient le prolongement de la salle des fêtes et sert pour des réceptions officielles. Comme le salon Napoléon III, il a été rénové en 2019.
La verrière fait l'objet d'une oeuvre réalisée par Daniel Buren à la demande du Président de la République. Intitulée "Pavoisé" l'oeuvre temporaire fut installée quelques jours avant les journées du Patrimoine et restera jusqu'en Février 2022.
Et on finit par la salle des fêtes. Construite par l'architecte Eugène Debressenne et inaugurée par le président Sadi Carnot pour l'Exposition Universelle de 1889, la salle des fêtes mesure 600m², ce qui permet au Président de la République d'y recevoir les évènements officiels : cérémonies d'investiture, remises de décoration et dîners d'Etat.
La décoration est bien digne d'une salle des fêtes : lustres, décor peint, une scène avec un orchestre et de belles tables dressées. Dont la reconstitution de la table d'honneur du dîner d'Etat offert par monsieur le Président de la République Emmanuel Macron et Madame Brigitte Macron en l'honneur de son excellence Monsieur Sergio Mattarella Président de la République italienne et de Madame Laura Mattarella.
Vous aviez déjà vu une fourchette à melon et une pince à asperge ?
La visite des salons de réception est finie, mais la visite du Palais continue avec le salon des portraits. Sous le Second Empire Napoléon III tient ici son conseil des ministres. C'est pourquoi il fait remplacer les portraits des anciens occupants par ceux des huit souverains importants de son époque. Ces portraits restaurés en 2019 par l'OPPIC (Opérateur du Patrimoine et des Projets Immobiliers de la Culture) représentent : le pape Pie IX, l'empereur François-Joseph d'Autriche, le roi Victor-Emmanuel d'Italie, le tsar Nicolas Ier, la reine Victoria, le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse, la reine Isabelle II d'Espagne et le roi Guillaume Ier de Wurtemberg.
C'est ici que les repas officiels restreints sont donnés. La modernité du tapis "Fenêtre sur le sol" de André-Pierre Arnal (2015, Mobilier national, manufacture des Gobelins) et du vase de Pierre Soulages (2000, Manufacture de Sèvres) dénote un peu sous tout ces regards royaux.
On poursuit dans le salon Pompadour. Ancienne chambre de parade de la marquise de Pompadour, ce salon a conservé les deux colonnes délimitant l'alcôve en hémicycle où se tenait son lit. De nos jours, le Président de la République accorde dans ce salon certaines audiences et exceptionnellement des dîners, comme le dîner qui a réuni les Chefs d'Etat européens le 18 novembre 1989.
Tapisserie, Composition n°1, Femme au miroir, Joan Miro, 1999, Mobilier national.
Ensemble canapé et pouf, Niko, Thierry Lemaire, 2019, Mobilier national.
Suit, le salon des ambassadeurs. Suivant l'usage introduit par le président Patrice de Mac Mahon (1873-1879), c'est ici que le Président de la République reçoit les lettres de créance des ambassadeurs étrangers. Il s'agit d'un document qu'il doit signer afin d'officialiser la nomination d'un ambassadeur étranger dans son pays. Selon le voeu du président Emmanuel Macron, c'est dans ce salon qu'a lieu tout les mercredis matin le conseil des ministres depuis son élection, en mai 2017.
Le premier ministre et le Président de la République sont assis là où il y a un porte-document gris, entourés des ministres. Pour les Journées du Patrimoine, c'était une table pour un conseil en comité restreint.
Tapis "Mouvements et transparences, Yaacov Agam, 1980, Mobilier national manufacture des Gobelins.
Après, on est dans le salon des aides du camp. A l'origine, ce salon était destiné aux officiers chargés de seconder l'autorité présidentielle dans ses missions. Aujourd'hui, c'est un espace dédié à l'accueil des invités.
Il possède le même décor de boiseries depuis la construction du bâtiment au XVIIIème siècle, à l'exception des dessus-de-porte qui ont été commandés par Napoléon III au peintre Charles Landelle en 1859. En 2018, le salon a été restauré par l'OPPIC.
Ensemble canapé et chauffeuses, "Garment", Thierry Lemaire, 2019, Mobilier National.
Tapis, Zao Wou-Ki, 1992, Mobilier national manufacture des Gobelins.
On arrive dans le grand salon Murat. Longtemps dévolu au conseil des ministres, ce salon accueille aujourd'hui des réceptions. Il tient son nom du décor commandé en 1807 par les occupants de l'époque, Joachim et Caroline Murat, beau-frère et speur de Napoléon Ier. De grands panneaux décoraient les murs : ils représentaient différents lieux évoquant la vie des Murat. Aujourd'hui, seuls subsistent les représentations du Tibre, illustrant le moment du passage victorieux de Murat et sa cavalerie, et du Rhin, surmonté du château de Benrath, résidence de Murat. On y voit aussi, le bureau plat de Charles Cressent (vers 1745, Mobilier national) qui faisait office de bureau du Président depuis 1895.
La visite s'achève dans le petit salon des tapisseries. Cette pièce d'accueil et de passage vers les grands salons tient son nom des tapisseries qui y étaient installées sous le mandat du président Félix Faure. Suite à la réfection du salon en 2018, les tapisseries sont actuellement en cours de restauration. Elles sont aujourd'hui remplacée par des tableaux issus des collections du Musée national d'Art Moderne - Centre Pompidou.
Il y avait du monde, tapisserie trop moderne pour moi. Alors, je n'ai regardé que le lustre.
En sortant dans la cour d'honneur, je me suis arrêtée devant le cortège motorisé. Il y avait aussi le stand de la boutique officielle de l'Elysée. Mais, trop de monde pour que je puisse y acheter un souvenir made in France dont les bénéfices servent à la restauration de l'Elysée. Alors, je l'ai fait quelques jours plus tard via leur boutique en ligne. Et j'ai reçu mes petits souvenirs accompagnés d'un carton imprimé de remerciement du Président.
Decouvrez la boutique en ligne officielle de la Présidence de la République. Une vitrine du savoir-faire français, présentant une sélection de produits exclusifs et made in France. Vos achats ...
Cette visite m'a beaucoup plu. Le mélange de moderne et d'ancien se marie bien. Ca valait la peine d'attendre plus d'une heure.
Vous pouvez compléter ma visite (par exemple voir l'escalier Murat et le vestibule d'honneur) en allant sur le site internet du Palais de l'Elysée qui propose une visite virtuelle.
Et dans un livre en bibliothèque, j'ai trouvé un plan détaillé de l'Elysée qui permet de se repérer. Quelques noms ont changé et j'ai supprimé ce que je n'ai pas vu.
Le mobilier et la décoration vu au cours de cette visite peut changer. En effet, c'est l'occupant des lieux qui choisi meubles et décoration parmi le large choix du mobilier national.