Palais du Luxembourg
08 déc. 2021Lors des Journées du Patrimoine, avant ma visite du Palais de l'Elysée, j'avais visité le Palais du Luxembourg. L'entrée se faisant sans réservation, je m'y suis donc rendue tôt le matin (9h) afin de ne pas trop faire la queue.
Le Palais fut construit de 1615 à 1630, à l'initiative de Marie de Médicis qui y vécut un an. Il fut longtemps une résidence princière qui accueillit : Gaston d'Orléans (frère de Louis XIII), la duchesse de Montpensier et la duchesse de Guise. Puis en 1715, il revient au régent Philippe d'Orléans. Et en 1778, Louis XVI donne le Palais à son frère, le Comte de Provence. Il devient prison avant d'être affecté en 1799 au "Sénat Conservateur".
En 1814, le Palais est affecté à la "Chambre des Pairs" de la Restauration. En 1852 après des travaux, le Palais est alors affecté au Sénat du Second Empire. A sa chute, le Palais abrite la Préfecture de la Seine et les séances du conseil municipal, l'hôtel de ville de Paris ayant été incendié lors de la Commune. De 1879 à 1940, le Palais est affecté au Sénat de la IIIe République. Puis, il est occupé par l'état-major de la Luftwaffe Ouest-Europe.
En 1944, il devient le siège de l'Assemblée consultative provisoire. En 1945, la Haute Cour de Justice y tient des séances, puis en 1946, la Conférence de la Paix. Le Palais est alors affecté au Conseil de la République puis en 1958 au Sénat de la Ve République.
L'entrée se faisait par le Jardin du Luxembourg. Pendant mes 30 min d'attente, je me suis attardée sur la fontaine de Médicis dont la restauration venait de se finir.
La visite commence au rez-de-chaussée par une enfilade de petites pièces de passage à la décoration assez modeste. Mais on s'attarde quand même devant tableau, tapisserie, lustre et faïencerie.
La visite est ponctuée de plusieurs "waouh !". Le premier quand on découvre la salle du livre d'or qui porte très bien son nom. Aménagée en 1816, elle servait à recevoir le Livre d'Or de la Pairie, c'est-à-dire le livre portant le nom des visiteurs illustres de la Chambre des Pairs. L'architecte Pierre Thomas Baraguay réutilise quelques boiseries et peintures sur panneau provenant principalement des appartements de Marie de Médicis au palais du Luxembourg et d'Anne d'Autriche au Louvre. Les tableaux et les boiseries seront retaillés, redorés, restaurés et pour certains largement repeints. Au plafond, deux grands tableaux sur bois sont dédiés à la gloire de Marie. Dans les caissons, des panneaux à pans coupés figurent des angelots ; des médaillons ovales représentent des saints et des divinités antiques.
La visite continue dans le bureau d'un vice-président du sénat. C'est l'ancienne salle de lecture des Pairs de France. Présenté au public pour son intérêt patrimonial.
On sort du bâtiment et nous sommes dans la cour d'honneur. Des immeubles du sénat étant en travaux, un bâtiment modulaire se trouve dans la cour d'honneur permettant d'accueillir sénateurs et sénatrices dans 134 bureaux pendant les travaux devant se finir en 2022.
Deuxième waouh de la visite, en entrant dans la salle René Monory, en hommage au sénateur et ancien Président du Sénat (1992-1998), inaugurée par l'actuel Président Gérard Larcher en 2018. Ancienne chapelle, cette salle compte encore plusieurs peintures religieuses réalisées entre 1844 et 1845 pour la Chapelle de la Chambre des Pairs de France. Sous la IIIe République, elle fut utilisée comme salle de réunion. Le Sénat y a réalisé récemment des travaux pour la transformer en salle multimédia moderne dotée d'un système de captation audiovisuelle permettant la retransmission des travaux qui s'y déroulent.
La visite se poursuit au 1er étage avec l'annexe de la bibliothèque, longue de 52m et large de 7m. C'est dans cette galerie, de 1750 à 1780, que fut installé le premier musée de peinture d'Europe ouvert au public. Un deuxième musée y sera établi de 1803 à 1815, puis de 1818 à 1886, consacré à l'art contemporain. En 1887, la galerie est transformée en annexe de la bibliothèque. La voûte rénovée en 2010 est ornée d'une série de peintures, les Douze signes du Zodiaque de Jacob Jordaens (1593-1678).
A la suite de l'annexe se trouve le salon Victor Hugo. On y trouve un buste de l'écrivain, mais aussi Pair de France de 1845 à 1848 et Sénateur de la IIIe République de 1876 à 1885. Au plafond une composition moderne de Georges d'Espagnat (1870-1950) "L'Apothéose de la République"
Troisième waouh de la visite en entrant dans la salle des conférences longue de 57m, large de 10,60m et haute de 11m, décorée dans un style du Second Empire.
De nombreuses peintures murales sont présentes. Dans les voussures des extrémités Henri Lehmann (1814-1882) a réalisé : l'Histoire de France des origines jusqu'à Charlemagne et l'Epopée française de la première Croisade à Louis XIV.
Au plafond, on voit l'Âge de la Paix et l'Âge de la Victoire d'Adolphe Brune (1802-1880).
Sous la coupole, Apothéose de Napoléon de Jean Alaux (1786-1864)
Les murs sont décorés par des tapisseries des Gobelins, illustrant les Métamorphoses d'Ovide.
Henri Lehmann, l'Histoire de France des origines jusqu'à Charlemagne - l'Epoée française de la première Croisade à Louis XIV.
Dans la salle des Conférences, il y avait une petite exposition de bustes de Marianne. La figure de Marianne a été représentée sous des traits divers depuis que la Convention a choisi, en 1792, d'associer le nouveau régime à l'image d'une femme coiffée d'un bonnet phrygien.
La petite galerie des bustes fait la transition entre la salle des Conférences et la salle des Séances.
La salle des séances est constituée de deux hémicycles opposés. Le cul-de-four du petit hémicycle est supporté par huit colonnes de stuc entre lesquelles sont placées sept statues de grands législateurs. Les peintures qui prolongent à gauche et à droite la voûte du petit hémicycle sont de Merry-Joseph Blondel (1781-1853) et représentent le couronnement de Philippe le Long et Louis XII aux Etats de Tours en 1506. Entre les tribunes se trouvent des bustes de maréchaux d'Empire (Masséna, Lannes, Mortier, Gouvion-Saint-Cyr).
Des boiseries en chêne sculptées par Jean-Baptiste-Jules Klagmann décorent la salle.
La salle comporte 348 sièges.
En sortant par le haut de la salle, on entre dans la bibliothèque. Dans la coupole, Delacroix a peint entre 1841 et 1846 les Limbes décrits par Dante au 4e chant de son Enfer représentant les grands Hommes de l'Antiquité. Des statues en marbre représentant la science (1842) et la poésie épique (1845) ont été réalisées par Antoine Desboeufs (1793-1862) et Jean-Charles Simart (1806-1857). Les plafonds des galeries ont été réalisés vers 1840-1844 par Léon Riesener (1808-1879) et Camille Roqueplan (1803-1855) représentant la Guerre, le Travail et l'Eloquence entre autres.
Ensuite, on passe à côté du bureau de questeur. Cette pièce était un salon de travail. C'est actuellement le bureau où se tiennent les réunions hebdomadaires du Conseil de Questure, composé des trois Questeurs élus par leurs collègues Sénateurs et Sénatrices pour diriger l'administration du Sénat et gérer son budget. Avec au plafond La Réunion des poètes de Louis Boulanger (1806-1867).
Puis, on passe à côté du cabinet de départ. Ancien "cabinet doré" ou "des mariages de Médicis", actuellement réservé au Président de Séance, qui part de ce Cabinet pour rejoindre la salle des Séances.
Après, on traverse le salon des messagers d'Etat. Antichambre du temps de Marie de Médicis, cette salle a été transformée en Salon des Messagers d'Etat de l'Empire (intermédiaires entre les pouvoirs publics, portant les lois et actes officiels), les murs sont décorés par plusieurs grands tableaux et au plafond une oeuvre d'Henri Ducaisne (1799-1852) représentant la Loi.
On finit par la chambre de la reine, cette pièce fut la chambre à coucher d'apparat de Marie de Médicis avec une belle vue sur les jardins. C'est probablement dans cette salle que se déroula le premier acte de la "Journée des dupes".
Au plafond, Le lever de l'aurore, vers 1840 par Louis-Godefroy Jadin, entouré des 4 saisons et de caissons représentants le double chiffre de la République Française ajouté sous la IIIe République.
Sculpture en marbre de Joseph Pollet (1814-1870) Achille et Déidamie (1854).
On sort par l'escalier d'honneur. La voûte est décorée de rosaces et caissons. Et, au-dessus des portes, des bas-reliefs représentant des Victoires.
Mais la visite n'est pas finie. Nous continuons dans l'hôtel de la présidence ou Petit Luxembourg.
Le bâtiment de gauche abrite aujourd'hui les bureaux de la présidence. On commence par le bureau du directeur du cabinet.
Juste à côté se trouve le bureau du président du Sénat avec mobilier d'époque ou de style Empire.
Quatrième Waouh ! Dans ce bel escalier en bois aux murs tendus de tapisseries des Gobelins représentant La naissance d'Apollon et de Diane.
Ensuite, on entre dans la chapelle de la reine. En 1625, Marie de Médicis installa à proximité de l'hôtel la congrégation des "Filles du Calvaire". Certains de ces bâtiments furent détruits en 1844. De 1845 à 1854, Alphonse de Gisors recréa dans l'un des bas-côtés de l'ancienne église une chapelle au décor d'inspiration baroque.
On ressort dans la cour pour entrer dans le bâtiment de droite (ancien hôtel du duc François de Luxembourg), remanié par Boffrand (1667-1754). Il est utilisé pour les réceptions officielles.
Cinquième Waouh quand on emprunte cet escalier monumental revêtu d'une balustrade de pierre qui nous amène aux salons.
D'abord, le salon des huissiers
Ensuite, le salon des tapisseries. Il n'était pas facile d'y faire des photos car il y avait plusieurs stands du Sénat (boutique, recrutement) où s'attroupaient les visiteurs.
Ce salon à son origine était composé de plusieurs tapisseries de la tenture des Triomphes des Dieux dont il reste un exemplaire. Et l'on voit un des trois tableaux de Jean-François Hue (1751-1823) "Vue du port de Lorient".
A côté, le Grand Salon : les Quatre Saisons dans les dessus de portes ont été peints par Louis de Boullogne (1654-1733), meubles et lustres sont du XIXème siècle.
Après on traverse le salon pourpre, l'ancienne chambre à coucher des Bourbon-Condé et de la Comtesse de Provence.
Et on finit dans le salon Napoléon, on y voit un portrait de Napoléon en costume de sacre et une table en marbre reproduisant une lettre de Napoléon aux Sénateurs.
La visite est terminée. On retraverse tout l'étage et on regagne la cour de la présidence pour accéder à la sortie.